Chuul, quel nom étrange! C’est en fait le crosiement entre un crabe, un fan de Lovecraft et des rognures d’ongle de tool. Basée en Alsace, cette petite asso d’irréductibles buveurs de Metal résiste encore et toujours à l’envahisseur. En quelques années, ce groupe de passionnés est sorti de ses soirées entre potes pour se bouger. Voilà comment un webzine et une assoorganisant des concerts sont nés de l’esprit fou de ces acharnés du riff qui tâche. Grâce à eux, la nuit strasbourgeoise s’annonce chaude et érotique comme un parpaing au milieu de la figure. Voyons plutôt ce que ces braves Eric et Julien ont à nous révéler…
Vous démarrez chuul en 2002 comme de bons étudiants plein de boutons dans la tête et de rêves sur la face, et depuis lors vous avez transformé le webzine en un zine interactif, et aussi en forum. Vous soumettez des interviews, des live reports, des photos et surtout vous avez un panel très large dans vos goûts. Parlez moi un peu de la manière dont vous voyez votre évolution. En 10 ans, les choses ont forcément pas mal changé non?
Eric : Eh bien déjà bonjour et merci beaucoup pour ton intérêt et pour cette sympathique interview.
L’idée du Chuul est née au retour du premier festival que nous avons fait, Julien et moi, en Allemagne. C’était le Summer Breeze 2002. Nous étions tout fous et nous venions de prendre une belle claque avec des superbes concerts (The Gathering, No Return, Soilwork, Left Hand Solution, Flowing Tears…). Nous voulions partager tout ça avec le monde entier et ainsi nous avons créé la première mouture du Chuul. C’était franchement amateur à l’époque, mais nous en étions très fiers. Rapidement, nos amis et connaissances ont voulu participer au site et il a fallu le revoir complètement et notamment y insérer un forum. Ce qui a le plus changé pendant ces années c’est la technologie et aussi l’auditoire. Au début, le Chuul était clairement orienté metal goth, dark metal et hardcore old school. Des membres sont partis, d’autres sont arrivés et désormais on œuvre plutôt dans trois « styles » de prédilections : le metal extrême, le post hardcore et l’Ebm.
Depuis peu, avril 2012, vous avez aussi créé l’asso chuul live pour organiser des concerts à Strasbourg. On peut noter que jusqu’à présent vous restez dans le créneau du hardcore/postcore principalement. Votre première date ayant misé gros avec les Lyonnais de céleste. Comment ça s’est passé tout ça? C’est venu naturellement cette idée de se lancer dans l’orga de concerts? Quels ont été les retours? On voit de plus en plus des genres à l’origine zassez opposés entrer en fusion ces derniers temps. Il semble que Black Metal et Hardcore se rapprochent et créent de nouveaux hybrides. Vous avez l’air de suivre pas mal les scènes « progressives » d’aujourd’hui. Pensez vous devenir une passerelle efficace entre les groupes et le public?
Julien : La première chose à dire c’est peut-être que le Webzine Chuul et l’association Chuul Live sont deux entités bien distinctes bien que très liées. S’il est vrai qu’un certain nombre des membres fondateurs de l’association était effectivement déjà présent sur le webzine, il a cependant été souhaité dès le départ que chaque entité conserve sa propre indépendance.
Sinon, cela faisait évidemment un moment qu’on parlait d’organiser des concerts un jour… Comme n’importe quelle bande de « métalleux » lors de soirées plus ou moins alcoolisées, mais sans jamais oser franchir le pas. Pour être honnête, ce qui nous a décidé, c’est justement l’opportunité de faire jouer Celeste, un groupe que nous sommes nombreux à adorer au sein de l’association. Ensuite, tout a été très vite et s’est organisé assez facilement avec les gars de Celeste qui sont de vraies crèmes. Quant aux retours, ils sont plutôt positifs, mais même si c’est encourageant il n’y a pas de quoi s’enflammer, attendons de voir comment se passeront nos prochaines dates…
Finalement, le but principal de cette association est vraiment de nous faire plaisir en faisant jouer des groupes que l’on apprécie mais aussi et surtout de faire découvrir ces groupes au public alsacien. En ce sens, je pense qu’il est un peu tôt pour nous catégoriser dans le domaine du Post-Core. Comme le soulignait Eric, nous avons tous des goûts assez variés (voir honteux pour certains) au sein de l’asso, et nous avons divers projets en tête, dont certains pourraient être assez surprenants… Mais nous n’en sommes qu’au stade de projet, nous n’en dirons pas plus !
En gros, nous sommes ouverts à pas mal de styles musicaux et donc à toute proposition, du moment que le groupe nous botte !
Vous êtes basés à Strasbourg. Depuis un moment cette ville est vue comme une sorte d’Eldorado du Metal, parce que la salle de La Laiterie faisait passer de grosses tournées. Mais depuis quelques années, il me semble que c’est surtout une salle associative comme le Molodoï ou bien les petites assos, qui font jouer les groupes dans les bars, qui amènent les groupes les plus intéressants dans la nuit strasbourgeoise. La proximité avec l’Allemagne vous offre-t-elle des opportunités en tant que fans et aussi pour capter des groupes en tournée pour vos concerts?
Eric : Strasbourg et le metal c’est une histoire compliquée. Fin 90 et début 2000, notre belle capitale était une référence en matière de musiques extrêmes. Toutes les tournées passaient chez nous, de même qu’à Lille et Paris. Nous devons beaucoup à la Laiterie, mais ces dernières années tout à changé. La Laiterie a une programmation metal douteuse et ses prix, ainsi que son « confort » deviennent dissuasifs.
Dans ce contexte, de nombreuses associations sont apparues et elles ont fait un super boulot. A moins d’avoir complètement loupé l’évènement, aucun groupe de post hardcore majeur n’est jamais passé par la Laiterie (Isis, Neurosis…et j’en passe). Il y avait donc une place à prendre. Sonic Death Monkey était très actif à ce niveau là, mais la référence reste Karlsruhe. Nous sommes allés un nombre incalculable de fois là bas pour voir les tournées post hardcore et en ça c’était vraiment une aubaine d’être proches de l’Allemagne.
A terme, si la sauce prend, ça ne vous dirait pas de monter un festival dans l’esprit du Roadburn (festival hollandais spécialisé dans la musique grasse, lourde et progressive qui devient très couru par tous les hardos fous ouverts d’esprit)? Il semble qu’en France, ça bouge bien en ce moment dans le style assez ouvert, et pourtant encore trop confidentiel que vous affectionnez…
Eric : Organiser un tel festival serait un rêve et nous n’en sommes, hélas, par encore là. De plus, je ne vois aucune structure existante pouvant accueillir un tel événement.
La France est très active en matière de post hardcore. Elle fait, selon moi, partie des 3 scènes majeures dans ce domaine avec la Suisse et les USA. De nombreux groupes excellents viennent de chez nous : Year of No Light, Celeste, Dirge, General Lee, Aside from a Day… et j’en passe. La force de cette scène française c’est qu’elle a vraiment su se renouveler et faire évoluer le style. Dans le même temps, c’est plutôt une scène qui se meurt aux USA.
Julien : Oui, on va probablement se mettre au Dubstep d’ailleurs ! Quant au « Roadburn alsacien », c’est une riche idée, mais on va attendre un peu… Mais qui sait… Peut-être qu’un jour… Si on trouve un riche mécène…
Allez, pour finir en beauté, parlez nous des dates que vous avez en projet au niveau des concerts, du zine, du forum. Et longue vie à vous très chers passionnés bien geeks sans qui rien ne se passerait. Car j’entends souvent les gens se plaindre qu’il ne se passe rien à côté de chez eux, mais rares sont ceux qui supportent les petits concerts et les petites assos qui mettent leurs tripes sur la table. Bisous et à bientôt!
Julien : Pour le webzine, pas de grands évènements à prévoir, on suit plus ou moins l’actualité en fonction de nos goûts et la saison des concerts commence à reprendre, on va pouvoir recommencer à publier quelques reports.
Concernant Chuul Live, nous avons 3 évènements de confirmés pour le moment et quelques projets en préparation. Nous accueillerons les suisses d’Abraham accompagnés des alsaciens d’Into the Tide pour une soirée post-hardcore au Jimmy’s Pub le 13 octobre prochain, la veille nous organisons une soirée 100% metal local avec Guilty of Reason et Housebound au Mudd Club cette fois. Enfin, le 8 novembre, nous aurons le plaisir de faire trembler les murs du Mudd Club avec le stoner crasseux bien lourd de Belzebong (Pologne) et les copains de Bull Terrier qu’on ne présente plus !
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Et merci à toi pour cette interview et longue vie à Eblastshop !
Eric : Et pour conclure je ne peux qu’ajouter un vieil adage : « C’est le chuul chuul chuul, qui fait chuul chuul chuul » !