Basée à Metz depuis presque une décennie, la boutique de la Face Cachée nous incite à renouer avec le bon vieux vinyle d’antan et à taper la discute avec ses gérants dans un esprit de curiosité, de découverte et tout simplement d’amour de la musique au sens large. Rencontre avec un passionné qui rend ce métier vivant et plus que jamais nécessaire à l’heure des albums dématérialisés et du règne du téléchargement. Florian nous en apprend plus sur son parcours au sein du disquaire indépendant le plus impressionnant en taille de tout le Grand Est de la France.
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1- Comment et depuis combien de temps je jeune trentenaire que tu es a investi l’entité de la Face Cachée afin de lui donner vie? Ce boulot de disquaire devient tellement rare de nos jours, qu’il doit forcément y avoir un côté rêveur chez toi pour démarrer une telle aventure. J’ai cru comprendre que tu as découvert le monde de la musique grâce à la collection de vinyles cachée au fond d’un grenier d’une connaissance décédée dans les années 1980. Comment passe-t-on du fan à l’activiste du disque en quelques années?
Médéric a ouvert la boutique en 2004. Au bout d'un mois, j'y avais déjà plus ou moins mes habitudes. Je suis donc client du magasin depuis neuf ans, employé depuis trois ans et futur associé dans quelques semaines. Je passe ma vie à la Face Cachée. J'y investis toute mon énergie. C'est plus qu'un boulot. C'est une passion dévorante. La musique m'accompagne depuis que je suis gamin, et pour être honnête avec toi, j'aurais jamais espéré pouvoir exercer un métier en relation avec elle... En plus de pouvoir alimenter mes névroses organisationnelles, le métier de disquaire me permet donc d'allier mon background d'archiviste et d'organisateur de concerts à mon amour pour l'objet-disque. J'aime me documenter sur la musique que j'aime, j'absorbe les infos comme une éponge, j'aime aussi chercher des disques pour les gens. Puis je suis moi-même consommateur et "collectionneur", donc bon... Médéric m'a proposé de bosser pour lui au moment où il ouvrait un second magasin (juste en face du premier), je sortais alors d'une situation assez pénible dans mon ancien taf (programmateur dans un café-concert), son employé de l'époque pensait de plus en plus à se barrer, du coup j'ai plus ou moins naturellement pris sa place. Ca s'est passé aussi simplement que ça. Je ne le remercierai d'ailleurs jamais assez de m'avoir donné ma chance.
2- Basée rue du Lancieu en plein centre de Metz, la boutique de la face cachée a en fait récemment déménagé. Pourquoi ce changement d’adresse? Cela implique-t-il des nouveautés formelles et organisationnelles? Qu’y as-tu gagné? Qu’est-ce qui est nouveau pour les clients?
As-tu pu embaucher de nouveaux partenaires de crime? D’ailleurs parles nous un peu de tes collaborateurs et de leurs méfaits musicaux!
L'ancienne boutique (rue des Allemands) avait du charme. Elle était petite, mal éclairée, poussiéreuse et chaleureuse. Un petit îlot de liberté (on y fumait, buvait et ripaillait à toute heure) au sein de la ville de Metz. Le déménagement s'est néanmoins imposé comme quelque chose de vital pour la bonne poursuite de nos activités. On constatait un déclin progressif des ventes (lié au quartier où l'on se situait et à l'état de la boutique elle-même) et on était déjà depuis quelque temps en recherche d'un nouveau local pour y poser nos bacs, lorsque Médé est tombé par hasard sur un beau volume vide de 170 mètres carrés à louer pour un prix correct. On n'a pas longtemps hésité. On prenait clairement un risque, mais c'était le moment de le prendre. Là, ça fait donc un peu plus de six mois que l'on a déménagé, et le bilant est pour le moment plus que positif. On a gagné plein de nouveaux clients, et plein d'anciens sont également revenus. C'est cool. Je pense que personne ou presque regrette l'ambiance de l'ancien magasin. Aujourd'hui on a plus de place, les gens restent plus longtemps qu'avant, prennent le temps de discuter, investissent le lieu comme s'ils l'avaient toujours connu... Je sens clairement une différence d'appréhension. Avant d'être des disquaires, on est des passionnés de musique. Ca, je pense que les gens qui viennent au magasin le ressentent. On ne les poussera jamais à la consommation, on ne leur mentira jamais pour leur vendre un disque. Ils savent qu'ils peuvent discuter avec nous d'égal à égal. C'est quelque chose d'important pour nous que l'on ne voulait pas perdre, que l'on voulait au contraire amplifier avec cette nouvelle surface. On n'a pas pu embaucher, malheureusement. En revanche, on demande toujours à Julien et Delphine de nous dépanner et de nous filer des coups de main au magasin. Julien, c'est THE AUSTRASIAN GOAT. Si tu écoutes du black métal, ce nom doit normalement t'être familier. Il est investi dans de nombreux projets musicaux (1413, 213PM, DEATH TO PIGS en ce moment) et s'occupe du label 213 Records avec Christelle, sa compagne. Quant à Delphine, elle ne fait pas de musique. En revanche, elle est grave douée avec des pinceaux et des crayons. Elle peint des trucs chelous et déviants sous l'alias Eva Gastro. C'est d'ailleurs elle et ses toiles tarées que l'on accueille pour notre prochaine expo en octobre. Ca va saigner.
3- Showcases avec des artistes locaux, salle d’arcade à l’ancienne, expositions de jeunes artistes undergrounds… Mais bordel de dieu, la Face cachée ne serait-elle pas mille fois plus un agitateur culturel que la fnac? Ces évènements et cette salle de jeu attirent-elles un public plus large que celui des habitués?
On est heureux de pouvoir proposer un lieu d'expression pour les groupes locaux. Jouer à Metz, même pour un groupe du cru, n'est pas aussi facile que cela en a l'air. Notre démarche de programmation refuse toute forme d'élitisme musical. Tout le monde a sa place sur notre scène, à partir du moment où il y a un disque à défendre. Toutes les formes d'expérimentation et d'expression sont les bienvenues chez nous. Pareil pour les expos, bien entendu. Quant à la salle d'arcade, c'est une idée de David Rouby, un copain. En retrogramers assumés, on a tout de suite répondu présent en lui mettant à disposition notre espace showcase. Depuis, c'est devenu difficile de bosser correctement, Médé étant souvent sur le flipper Star Wars pendant que je nique la gueule à mes adversaires sur Puzzle Bobble 2... Bon, cette salle est temporaire mais on va quand même essayer de garder la Blast le plus longtemps possible... Je crois qu'on aime bien tenter de nouvelles choses, pas rester le cul assis sur une chaise à attendre que les gens viennent ou simplement leur vendre des disques. Le disquaire à l'ancienne, très peu pour nous. On réfléchit déjà à ce que l'on va pouvoir proposer aux gens pour la fin d'année, Noël tout ça. Un truc original et bien débile, probablement. Quant à savoir si cela attire plus de monde, je pense que c'est effectivement le cas. J'espère néanmoins que ces nouvelles personnes reviendront pour le magasin et pas juste pour jouer gratos ou voir des concerts à l'œil.
4- J’ai été frappé par les prix pratiqués dans ton échoppe. Vendant majoritairement du vinyle, j’ai pu voir que le prix moyen d’une galette d’or noir, même neuve oscille entre 13 et 15 euros! Comment se passe l’approvisionnement du magasin? Passes-tu exclusivement directement par les labels ou alors également par quelques distributeurs très spécialisés?
On veut garder une politique de prix bas, même si cela n'est pas toujours évident... Le prix des matières premières augmente, les distributeurs et les labels se font des marges de plus en plus grandes sur les disques, nous on est en bout de chaîne et on n'a parfois pas trop le choix que de mettre des disques à 24 ou 26 euros... Mais bon, on essaie par tous les moyens possibles et imaginables de contrebalancer cette hausse. Avec Amazon comme concurrent direct, on n'a pas le choix. Comme nous nous occupons de nos propres labels, nous n'hésitons jamais à dealer en direct avec d'autres labels et distros pour faire des échanges. On tient également à proposer des disques d'occasion au prix le plus bas et juste possible. On s'approvisionne donc directement à la sources (les labels) mais on bosse également avec de gros distributeurs. On achète également pas mal de collections à des particuliers. On a un réseau assez développé et on le fait fonctionner.
5- Disquaire ne veut pas dire sectaire. En effet, la Face Cachée propose un panel très large de styles musicaux. On peut autant y voir des vinyles de Jimi Hendrix, que des melvins en passant par cannibal corpse ou de la chanson française. Pourtant on voit des styles pas toujours très représentés dans d’autres magasins. Je pense au Noise, au Post Hardcore, à la Wave, au Sludge, ou même tout simplement au Progressif des années 60/70. Il y a un côté alternatif mais pourtant fédérateur dans le choix que vous laissez au client. Quelle est la philosophie actuelle du magasin, et vers quoi tendez-vous dans un avenir cheap canadian viagra plus ou moins proche? Quels sont les styles qui vendent le mieux dans ton magasin?
Médé et moi sommes complémentaires. Lui est compétent sur tout ce qui est rock généraliste, années 60 à nos jours, garage, blues, jazz, etc. Moi j'ai un background punk/hardcore, donc forcément mes goûts vont plus vers les musiques dites "alternatives". On se retrouve néanmoins sur le fait de vouloir rester généraliste. On écoute vraiment beaucoup de musiques différentes. On refuse le sectarisme musical. On pourra se la jouer Jack Black dans High Fidelity pour de rire, mais sinon... Bon, Médéric m'interdit quand même de créer mon bac de musique à minettes (Katy Perry et cie, je suis un gros fan), mais je ne désespère pas de l'avoir à l'usure... Donc ouais, pour revenir à ta question, tous les styles de musique se vendent, car notre clientèle est aussi éclectique que nos goûts. Et ça, c'est plutôt cool. Certes, j'aimerais vendre un peu plus d'emo ou de bestial death, mais bon, faut pas être pressé. Là actuellement on s'est mis en association avec des jeunes messins avides de musique électronique pour constituer un beau bac de techno/house intelligente. C'est chouette. A l'avenir, je pense qu'on va rester tel quel, mais encore plus à l'écoute des clients et de leurs conseils, tout en essayant de nous aussi leur faire découvrir des trucs nouveaux. On se nourrit les uns les autres.
6- Outre la vente de disques, tu es aussi impliqué dans la musique par le truchement d’autres facettes. Florian, tu écris régulièrement pour le blog http://recordsarebetterthanpeople.tumblr.com/ et tu es aussi investi dans un petit label concentré sur des styles variés et peu académiques. Peux-tu nous en dire plus? Tu fais de la guitare. Joues tu actuellement dans un groupe?
Ouep, j'ai un blog où je parle de ma passion pour le vinyle et de mon métier de disquaire. En ce moment j'ai pas trop le temps de l'alimenter mais je vais essayer d'y revenir bientôt. J'ai donc aussi un label qui s'appelle Specific Recordings et que je gère avec ma compagne. Je produis, elle s'occupe des artworks. On sort les disques de nos copains. On n'a pas de démarche stylistique prédéfinie. On veut juste sortir des disques qu'on aime. On a quelques jolies sorties de prévues dans un avenir proche, je t'en reparlerai quand ce sera fait. Sinon ouep, je joue dans TWIN PRICKS, dans POINCARE et dans THE HOLY MUNDANE. Des trucs plutôt pop/noise/shoegaze/emo. Mais bon, pareil que pour le blog, pas trop le temps de m'y consacrer à fond en ce moment. Quand j'étais étudiant, je ne pensais qu'à ça. Jouer. Avec DEAD FOR A MINUTE, HYACINTH ou MENY HELLKIN, j'ai eu l'occasion de rassasier ma soif de concerts et d'enregistrements. Aujourd'hui, ça me dérange plus trop de moins en faire. Bon, j'espère quand même qu'on va un peu taper dedans avec TWIN PRICKS, on a un album qui sort en octobre et j'ai bien envie de faire quelques dates à droite à gauche comme à la bonne époque.
7- Merci pour ces quelques mots. Qu’as tu envie de dire à d’autres gens qui hésitent à se lancer dans le métier de disquaire?
Qu'il faut aimer les disques, les gens et ne pas avoir peur de ne bouffer que des pâtes. Qu'il faut oublier ses rêves de gloire et préférer vivre modestement. Perso, je suis heureux, je l'ai jamais autant été depuis que je suis disquaire, je sais pas combien de temps ça durera mais je compte bien en profiter le plus longtemps possible. Alors si c'est ton kif aussi, ben fonce. On n'a qu'une vie.