Asphyx avait déjà bien allumé les sens de tout bon fan de death métal qui se respecte en fracassant tout sur son passage avec Death… the brutal way en 2009. Pour preuve, leur concert intense et ultra fourni de titres plus classiques les uns que les autres a même été sorti en dvd sous le joli label rouge élevé en plein air: Live Death Doom.
En 2012, pour célébrer la sortie officielle de l’album en Allemagne, le groupe remet ça dans la même salle, le Turock d’Essen, dans la Ruhr (zone minière et berceau du thrash teuton distillé par kreator, sodom entre autres).
L’affiche est tellement alléchante, que peu de temps avant le 10 mars toutes les places étaient vendues. Il faut dire que Deathhammer est un album convaincant qui assoit encore plus solidement la réunion d’asphyx. Mais les autres groupes présents ce soir là ont aussi su titiller la curiosité du public.
Necrowretch, dont nous avions récemment parlé suite à leur signature chez century media, a le privilège et la pression d’ouvrir le bal. Pour la pose de la première pierre à l’édifice de leur carrière sur un si gros label, les français ont dynamité les expectations de tous. Le public allemand, très connaisseur et habitué à voir beaucoup de concerts par an, a reçu plus que positivement le trio. Dépannés à la batterie par un frappeur hors pair en la personne de Kevin (actif dans perversifier, assaulter, trench hell), on peut dire que la fougueuse jeunesse du death metal du début des années 90 a été ressuscitée et même vicieusement balancée à la gueule de l’auditoire. Ce groupe est possédé, et va définitivement faire parler de lui. On leur souhaite de devenir les classiques de demain. Ils en ont carrément le potentiel.
Pour blizzard, sorte de mötörhead teuton, on peut se dire que leur style plus rock’n'roll pouvait dépareiller un tantinet sur ce genre d’affiche. Mais puisque les gars d’asphyx sont fans de leur album The roaring tanks of armageddon, et que le groupe vient tout juste de sortir son troisième album, sobrement intitulé Fuck the universe, vous comprendrez qu’ils aient trouvé leur place sur la scène ce soir là. Dommage pour l’ambiance, parce que le chanteur gratteux avait vraiment trop peu de charisme et d’entrain pour convaincre. Le public était même un peu moins présent que pour Necrowretch. Allais-je m’en plaindre ou alors en profiter pour m’humidifier avec conséquence le gosier? Cruel dilemme que j’ai noyé dans l’alcool avec une fougue surprenante…
Tout droit venus d’Israël et ayant joué quelques dates avant ce soir, sonne adam a su envoyer nos tripes jusqu’au plafond dès les trois premiers accords. Eux aussi sont dans l’écurie century media, et on sent qu’ils en veulent. Certes, le chanteur a une voix qui sonne à la perfection comme celle de Mors Dalos Ra de necros christos. Mais musicalement les deux groupes diffèrent tout de même de manière conséquente. L’ambiance rituelle, pleine de noirceur et incitant l’âme au voyage a été vécue par une salle hypnotisée. Une démonstration de death metal dans un gant de velours. C’est toxiquement le panard, et en plus ça prépare très bien le terrain pour la suite… Les hollandais déments d’asphyx!!!
L’accueil qu’a reçu asphyx ce soir là est à la hauteur de l’enthousiasme que provoque leur nouvel album. Deathhammer est un impressionant successeur à Death… the brutal way. Trois quarts du concert de quasi 2 heures et demie ont fait la part belle aux titres tirés de ces deux albums et récents ep’s sortis par le groupe. Ca faisait plaisir de voir asphyx profiter de son temps sur scène et du coup renouveler considérablement la setlist. Evidemment, des classiques tirés d’albums comme Last one on Earth ou encore The rack, ainsi que des titres remontant à leurs démos ont été écrasés sur nos têtes à grands renforts de coups de marteau sonore et trébuchant.
Le morceau der Landser a été joué dans sa version allemande (disponible sur le ep Reign of the brute), et évidemment a ravagé le public moustachu, ventripotant, coiffé de mulet et patché jusqu’à l’anus. La Teutonie a accueilli le clin d’oeil avec une joie goulue.
Martin van Drunen était en grande forme et parlait beaucoup (parfois trop) entre les morceaux, mais réussisait à galvaniser efficacement la masse suante et chevelue qui grouillait à ses pieds.
Asphyx a toujours la grosse patate, et il est clair que sur scène, ça reste un concasseur d’ossements. La présence scénique beaucoup plus lâchée de Paul Baayens, le guitariste, est à l’image du dernier album. Plus en confiance, plus à l’aise et du coup encore plus efficace. Le vide laissé par le départ de l’ancien gratteux, Erci Daniels, dont le style et le son ont défini asphyx durant tant d’années, a été pleinement comblé.
D’ailleurs, Paul a composé la quasi totalité de Deathhammer, et ça se ressent. On en parlait justement tous les deux, et il m’a avoué que c’était une chose plutôt difficile de prendre le relais d’Eric Daniels. Le cadre très rigide imposé par la simplicité et l’efficacité du son de guitare et du style d’asphyx ne lui ont pas rendu la tâche facile. Créer quelque chose sans tomber dans le plagiat, tout en restant fidèle au style… Il s’en est pas mal sorti du tout. Et justement, ce sont les accords plus mélodiques et le doublage un peu différent de certaines pistes de guitare qui rendent la touche de Paul dans les nouvelles compositions. Et il a été d’accord pour reconnaitre qu’il commençait enfin à s’approprier plus entièrement le monstre asphyx. C’est en grande partie l’explication du ressenti de pas mal de monde: Deathhammer est meilleur que son prédecesseur (pourtant déjà très positivement reçu). On lui souhaite de toujours rester créatif et de savoir aussi bien se renouveler dans un cadre musical aussi rigide.
En passant, pour les plus curieux, Eric Daniels a fondé de son côté Grand Supreme Bloodcourt avec… Theo van Eekelen (hail of bullets), Martin van Drunen, Bob Bagchus et Alwyn Zuur d’asphyx! Ca reste en famille on dirait.
Bob Bagchus m’a confié après le concert que c’était un des albums de sa carrière dont il était le plus satisfait. Etant le batteur et fondateur d’asphyx en 1987, et n’ayant pas pour habitude de se la jouer, je pense que pour une fois, on peut croire le bonhomme quand il avance une évidence pareille. D’ailleurs attendez vous à une interview avec asphyx d’ici quelques temps.Ca va être assez exclusif…. (surprise!)
Je vous ai dis que tout ça a été arrosé de force binouze, schnaps maison, et gros rouge qui tâche? Humilité et sincérité. Voilà ce qui a transpiré de chaque groupe, de chaque prestation de ce concert définitivement enthousiasmant. Combien ont du se sentir excités comme au premier jour en recevant leur ticket d’entrée par courrier! Cette excitation, cette attente ont largement été comblées ce 10 mars 2012, au coeur de la Ruhr.